Un projet d’éducation artistique avec des jeunes atteints de Troubles Envahissants de Développement

2014ko Ekainaren 06a, 11:10

Dans le cadre du projet Txinbadia, et de sa déclinaison, "Invitation aux rivages, le littoral pour tous !", une attention particulière est portée sur la mise en place de projets d’éducation artistique et culturelle à destination des publics dits défavorisés.

C’est dans ce cadre là, que notre équipe a développé
à Nekatoenea un projet éducatif composé
d’ateliers de pratiques artistiques répartis durant
une bonne partie de l’année 2012 avec le "Nid
Marin" Institut Médico-éducatif d’Hendaye.
Laissons la parole à Vivienne Martinez,
éducatrice spécialisée, représentante
du groupe bénéficiaire.
Ce fut d’abord une rencontre de professionnelles
qui avaient le désir de travailler ensemble.
D’un côté, une éducatrice qui proposait un projet
qui avait pour spécificité un public atteint de
Troubles Envahissants de Développement. De
l’autre, des animatrices plasticiennes.
Par définition, les arts plastiques donnent à voir
et à travailler la matière, la forme, les couleurs ;
ils facilitent l’accès à la symbolisation.
Or, le public concerné dans le cadre de ce projet
était représenté par trois enfants, Ornella, Emilia
et Marie, pour lesquels la symbolisation est déficitaire.
D’entrée, le challenge était lancé...
Dans un premier temps, il a fallu faire connaissance.
Fabienne, Laurence et Elke étaient venues rencontrer les enfants au Nid Marin. Ensuite, nous sommes allées sur le site. Le premier jour, les enfants étaient enthousiastes, exploraient les moindres recoins, prenaient plaisir à se balader et démontraient de l’intérêt à être "là". Ce qui, pour nous les adultes, était assez encourageant pour la poursuite du projet. Dès le début de janvier et jusqu’à la fin février, les rendez-vous étaient fixés afin de nous retrouver avec régularité dans les ateliers d’arts plastiques de Nekatoenea. Des objectifs pédagogiques étaient visés : une dimension cognitive où l’enfant allait être amené à manipuler des matériaux, à suivre un processus de création, à contrôler ses gestes, à laisser des traces. Une dimension socialisante où il était demandé à l’enfant d’accepter les contraintes (rester assis par exemple) et de développer une pratique sociale, c’est-à-dire interagir, échanger, partager le matériel. C’est une fresque, un grand format de papier présenté à la verticale, qui nous a servi de fil rouge durant ces huit matinées. Différentes techniques, expériences et gestes plastiques étaient proposés aux enfants et venaient petit à petit enrichir l’œuvre collective. Déchirer, tamponner, peindre, coller. Des petites sorties, avec observations
autour de la maison, tentaient de lier le réel aux représentations (l’herbe, les arbres, le château, les fleurs). Il faut avouer que le mois de janvier fut parfois tant pluvieux que nous nous contentions de regarder des photos où le ciel était beaucoup plus bleu. Au fil de nos rencontres qui débutaient toujours par un accueil authentique et chaleureux de Laurence et Elke, un petit "journal" affiché au mur racontait et rappelait en photos la rencontre précédente. Et nous retrouvions la fresque, qui de semaine en semaine évoluait tant bien que mal. Chaque rencontre se révélait surprenante. Nous faisions face à l’adhésion des enfants autant qu’à leur refus, voir à leur passivité. Tous les apprentissages sont accompagnés d’échec ou de réussite, d’action ou de passivité. Partant de cette conviction et s’appuyant sur leur passion et leur savoir-faire, Laurence et Elke envisageaient d’autres possibilités en proposant d’autres ateliers (tampons, pochoirs). En ce sens, un travail remarquable était mis en avant dans l’autonomie des enfants, en leur laissant le
choix et l’espace pour l’initiative. Nous avions pu observer les enfants gagner en aisance, prendre du plaisir, mais aussi faire des bêtises. Lors des temps d’investissement de chaque enfant, nous pouvions évaluer sa capacité de rapprocher son geste à la
démarche artistique. Temps souvent bref, mais si riche. Le plaisir des enfants dans la manipulation, dans la création et dans d’échange avec les adultes a constitué une expérience
positive.

►